Cadence (2017). vinyle polymère. 19 oriflammes de dimension 86 p x 36 p. Photo : Guy L’Heureux
Dans le cadre de Métissage du commissaire Stéphan Bertrand. Oeuvre d’intégration à l’environnement pour le 350e de la Ville de Montréal.
Les 19 oriflammes verticales de Giorgia Volpe sont l’événement, n’ayant aucune fonction représentative, ni texte ni image. Pure abstraction de couleur et de texture graphique, elles se retrouvent harnachées à bonne hauteur sur les fûts des luminaires de la rue McGill, de la place D’Youville à la côte du Beaver Hall. Elles en ponctuent le trajet et sa topographie, en cadence. Elles sont le produit retravaillé, découpé en lanières, réassemblé de larges bannières de polypropylène imprimées, qui elles, portaient du texte et des images, exprimaient la culture momentanée d’un peuple, pour usage de diffusion et d’appartenance.
Le recyclage est au cœur de la démarche de Volpe, par lequel elle convie une communauté, souvent créée par nécessité, à participer à une certaine transformation d’un matériau, très souvent inspirée de la longue tradition des métiers textiles, dont le tissage. C’est que ces méthodes conviaient le groupe, en assurait sa cohésion sociale, en partie assurée en retrait, loin de la visibilité publique, par le travail très organisé des femmes. Longue filiation de l’appartenance à une communauté et expression singulière de son histoire et des influences subies par les différentes migrations sur les motifs retenus.
Bannières abstraites qui n’en sont pas moins programmatiques, elles ont définitivement le caractère de la modernité du 20e siècle. On les rapproche, en particulier, aux expérimentations du groupe De Stijl crée par Theo van Doesburg, tant par le traitement visuel que par cette volonté d’envisager un environnement utopique par le biais de l’art abstrait, d’une harmonie universelle dans l’intégration complète de tous les arts (Marek Wieczorek). Leur composition, laissant bonne place à une structure en bandes claires perpendiculaires, n’est pas sans rappeler la célèbre série new-yorkaise Boogie-woogie de Mondrian, lui-même associé à ce groupe.
Plus près de nous, le lieu même de leur insertion est celui de la côte du Beaver Hall qui a vu la création du groupe du même nom, pour une courte période dans les années 1920, sous l’impulsion de Randolph S. Hewton, Edwin Holgate, Lilias Torrance Newton, Mable Lockerby, Anne Savage et A. Y. Jackson. Groupe de peintres, il était dominé par la présence active et inédite de femmes (ajoutons Emily Coonan, Nora Collyer, Sarah Robertson, Mable May, Kathleen Morris et Ethel Seath), en plus d’affirmer le caractère de la modernité en peinture, non seulement par la place de la couleur dans le portrait, mais aussi , en privilégiant le motif urbain de la ville, en plein essor.
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